Ressources en eau : perception et consommation des Français (résultats d'enquête)

Type de ressource
  • publication
Thématique
  • environnement - milieux naturels
  • gestion - acteurs
  • eau potable
  • autres
Description Etudes et documents n°106 - juin 2014
Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a chargé l'Institut français d'opinion publique de conduire un sondage sur la perception et la consommation de cette ressource sur le territoire.
Durant les trente dernières années, la demande en bouteilles d'eau a en effet été multipliée par trois et 20% des consommations d'eau des ménages passent par des systèmes de filtration domestique de l'eau, selon le CGDD.
Les résultats de l'enquête montrent que si deux tiers des Français considèrent comme bonne la qualité de la ressource en eau, la moitié estime toutefois que cette dernière s'est dégradée au cours des 10 dernières années et continuera sur cette tendance à l'avenir. Les principaux responsables selon les personnes interrogées seraient les secteurs agricoles et industriels.
Parmi les principaux freins cités à la consommation d'eau du robinet figurent le mauvais goût et la dureté. "Une part non négligeable des Français n'en consomme pas par crainte d'une pollution, constate le CGDD, la crainte d'une contamination par les résidus de produits utilisés dans l'agriculture (nitrates et pesticides) est majoritairement citée".
L'organisme met en avant le fait qu'un tiers des Français ne connaît pas le circuit de l'eau domestique : certains considèrent qu'après traitement, les eaux usées sont directement redistribuées au robinet, alors qu'en réalité elles sont rejetées dans le milieu naturel (dont les sols jouent également un pouvoir épurateur).
Dans son enquête de février 2014, l'UFC-Que Choisir rappelait que si 98% des Français bénéficient d'une eau de très bonne qualité, les pressions que subissent les ressources naturelles restent préoccupantes.
Concernant l'aspect financier, l'utilisation de l'eau en bouteille s'est traduite par une hausse des dépenses des ménages français, selon le CCDD. Il a estimé à 298 millions d'euros annuels les dépenses engendrées par la crainte de mauvaise qualité de l'eau du robinet du fait des pollutions agricoles et industrielles entraînant un report vers l'eau en bouteille et la filtration domestique.
Si le CGDD estime que l'eau du robinet est de 30 à 250 fois moins chère que l'eau en bouteille, le facteur prix ne semble toutefois pas être déterminant dans ce cas. "Même en cas de baisse substantielle de leurs revenus, une large majorité de buveurs d'eau en bouteille déclarent qu'ils continueraient à (…) boire [de l'eau en bouteille]", indique le CGDD.
Concernant la perception de la quantité disponible, les trois quarts des sondés (avec quelques différences entre le Nord et le Sud de la France) estiment qu'elle reste suffisante. Pour la majorité, la diminution de la quantité d'eau disponible sera liée à la hausse de la demande.
"Sur le plan quantitatif, plusieurs études tendent à montrer que la hausse de la demande en eau et le changement climatique aboutiront, à long terme, à une diminution de la quantité d'eau disponible", souligne le CGDD.
Une question sous-jacente de ce travail repose précisément sur ce point : déterminer dans quelle mesure les Français sont prêts à accepter des changements dans leurs modes de consommation pour diminuer la pression sur la ressource en eau d'un point de vue quantitatif.
Concernant les eaux de pluie, 9 Français sur 10 seraient favorables à leur réutilisation pour l'alimentation en eau potable, selon le sondage. La réutilisation des eaux usées apparaît comme un sujet plus délicat : 5% des personnes interrogées accepteraient qu'elles soient redistribuées directement au robinet après traitement, pour contribuer à préserver la ressource en eau. En revanche, 68% accepteraient de consommer des fruits et légumes arrosés avec des eaux usées traitées. "Les Français consomment déjà des fruits et légumes importés de pays où la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation est fréquente (Espagne notamment) sans nécessairement le savoir", pointe le CGDD.
Pour se préparer aux enjeux de pression quantitative sur la ressource, le Commissariat général au développement durable préconise la mise en place d'outils de communication mais également économiques. "Outre la mise en place d'une plus grande information du public concernant l'état général des ressources en eau (comme cela est d'ailleurs demandé dans la Directive Cadre sur l'Eau), le prix de l'eau devrait, à travers toutes ses composantes (rémunération du service d'eau et du service d'assainissement, taxes et redevances), refléter au mieux les pressions s'exerçant sur la ressource à un instant donné", conclut le CGDD.
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