Lavaur : la Semaine de l'eau en bord d'Agoût


Pour sa 9e édition, la Semaine de l'eau (1) de l'établissement agro-environnemental du Tarn s'est déroulée, et pour la première fois, au lycée agricole de Lavaur. Retour sur la Journée technique « eau-agriculture-climat » du 17 mars, qui a rassemblé 150 personnes du territoire (étudiants, agriculteurs et grand public) autour d'un programme riche en contenu et en rencontres...


La journée commence sous une pluie fine. Pas de quoi décourager les étudiants qui se dirigent pour le premier atelier « lecture du paysage » à travers le domaine de Flamarens, au lycée agricole de Lavaur. L'argile colle un peu aux chaussures des jeunes du groupe « eau », mixant des CAPA et des BTSA du lycée d'Albi et des Bac pro du lycée de Lavaur (2). Ils gravissent par binômes (l'un des deux a les yeux bandés, lui permettant de vivre ce paysage avec ses autres sens) la colline voisine pour pouvoir dans un deuxième temps tous ensemble analyser les caractéristiques du paysage, essentiellement ici agricole et forestier. Fabienne Franc-Soret, enseignante en économie de l'environnement et de l'aménagement à Lavaur, les accompagne tout le long, pour « apprendre à observer et écouter le paysage, faire des connexions pour pouvoir par exemple mettre en place une technique de production ».

Lecture des quatre profils
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Atelier profils culturaux de sols : Antoine Delaunois, pédologue à la Chambre d'agriculture du Tarn, sur une parcelle en agriculture de conservation
En fin de matinée, la pluie s'est calmée et nos groupes redescendent vers les parcelles pour une lecture de quatre profils culturaux de sols de l'exploitation du lycée. Cette dernière, orientée en productions végétales pour la vente ou pour l'alimentation de bovins allaitants, s'est engagée depuis quelques années vers un changement de pratiques, essentiellement axé sur l'agriculture de conservation des sols : arrêt du labour et des pesticides de sol, semis sous-couvert, rotations des cultures.
Le lien sol, eau, paysage
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Jean-Noël Bertrand, enseignant en agronomie, discute avec des élèves sur la vie d'un sol passé en non-labour
Les étudiants, ainsi que les agriculteurs qui se sont inscrits à la journée, peuvent constater les différences de quantité de turricules (les déjections des vers de terre), de porosité ou de teneur en matière organique des sols (jouant notamment sur la capacité de rétention en eau) selon le stade d'évolution du système de culture . Très vite, les discussions s'engagent avec les enseignants Laura Brun et Jean-Noël Bertrand et les pédologues Javier Scheider de l'école supérieure d'agronomie de Purpan et Antoine Delaunois de la Chambre d'agriculture du Tarn, au-delà de l'observation du profil de ces sols. Les élèves, visiblement intéressés, comparent et témoignent des situations vues en stages, lors de visites chez des agriculteurs ou dans les exploitations familiales... « On approfondit nos connaissances, on fait encore mieux le lien entre sol, eau, paysage... » résume Dimitri, en BTSA ACSE 1ere année à Albi (2).
Moins d'azote, plus de biodiversité
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Table-ronde : le temps des échanges avec agriculteurs et pédologues
La table-ronde de l'après-midi permet de continuer les échanges avec notamment le témoignage d'agriculteurs. Jean-Pierre Pages supprime pour sa part le travail du sol : « A 56 ans, je me lance pour les générations futures, pour produire le plus proprement possible. Si une légumineuse me permet de mettre 20% [d'azote] dans le sol, ce sera 20% de moins d'apport d'engrais. Quant aux risques de plantes adventices, il y a un facteur 10 entre un sol travaillé et un non travaillé... ». André Paulin lui s'est converti au bio : « La biodiversité, c'est l'efficacité du système : l'arbre ce n'est pas un intrus, c'est un intrant ! ».
La leçon des pôles
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Un invité exceptionnel pour un des temps forts de la Semaine : l'Agro Café avec le Tarnais Jean-Louis Etienne, le médecin-explorateur des pôles fervent défenseur de la planète
Enfin, l'heure de l'Agro Café arrive, la salle comble accueille le Tarnais Jean-Louis Etienne, le médecin-explorateur des pôles, pour conclure la journée avec une conférence-débat sur l'impact des changements climatiques sur l'agriculture. C'est un sujet très sensible ici avec les problèmes de la raréfaction de la ressource en eau en période estivale et les conflits d'usages liés entre-autres à l'aménagement de retenues collinaires.
Il semble que l'essai soit transformé pour une première de la Semaine de l'eau en pays de Cocagne, comme en témoigne la radio locale R d'autan venue enregistrer une émission avec l'équipe d'organisation. C'est promis, le rendez-vous est donné en 2018 au bord de l'Agoût pour une 11e édition de connaissances et d'échanges autour de ce bien précieux...


(1) Proposée chaque année par l'établissement agro-environnemental du Tarn (jusqu'à présent sur le campus d'Albi-Fonlabour), cet événement mobilise enseignants, étudiants et intervenants partenaires du territoire pour proposer à un large public la découverte des enjeux liés à la ressource en eau, bien commun de l'humanité : ateliers, conférences, expositions, animations scolaires...et même initiation au kayak sur la rivière Agoût ! En 2016, c'est l'équipe du lycée de Lavaur, coordonnée par Nathalie Latger, enseignante en agronomie, qui a pris en charge l'animation des journées thématiques, permettant une diffusion de l'action sur le sud du département. Dorénavant, les deux sites accueilleront alternativement les prochaines éditions.
Le blog de la Semaine de l'eau

(2) CAPA Productions agricoles (Albi), Bac pro Conduite et gestion de l'exploitation agricole (Lavaur) et BTSA Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole (Albi)

La vidéo de la 9e édition :